Au début du 20e siècle, il existait peu d’hôpitaux pour aider les enfants présentant des différences invalidantes au niveau des os, des muscles et des articulations. Lorsque la fraternité Shriners International a ouvert son premier hôpital en 1922, la situation a commencé à changer. Alors que nous célébrons un siècle complet au service des enfants, voici un aperçu de la manière dont Shriners Children’s a ouvert la voie en matière de soins orthopédiques et prothétiques.
Des pionniers dans le traitement de maladies complexes
« Je me souviens que presque tous les patients avaient entre 10 et 12 ans et qu’ils présentaient d’importantes difformités, car ils n’avaient jamais reçu de soins médicaux », écrivait John McGilvray dans son livre, The Shriners Finest Hour, qui porte sur l’hôpital Shriners de San Francisco, ouvert en 1923. M. McGilvray, spécialiste du granit pour les projets de construction, a été l’un des premiers à participer à la planification du réseau de soins de santé des Shriners. Il a également été consultant en bâtiments pour 17 de nos établissements et leur a même fourni la première pierre.
À cette époque, les patients passaient souvent un an ou plus dans les hôpitaux Shriners pour enfants infirmes, où les garçons et les filles vivaient dans des pavillons différents, surveillés par le personnel infirmer qui demeurait sur place. Parmi les affections traitées, on comptait « les pieds bots, les colonnes vertébrales courbées, la tuberculose osseuse, la paralysie infantile ainsi que les maladies et les difformités qui relèvent de la chirurgie orthopédique », écrivait M. McGilvray.
En 1932, les hôpitaux Shriners avaient contribué à changer la vie de 35 000 enfants. Un rapport de Shriners de l’époque précisait que « les hôpitaux sont équipés de tous les appareils modernes qui permettent une opération réussie ». Les hôpitaux disposaient de bassins thérapeutiques (grande baignoire portative) pour l’aquathérapie et de poumons d’acier pour aider les patients atteints de polio. En plus de fournir des soins cliniques, le personnel de l’hôpital apportait de la joie et des rires aux patients par le biais du sport, du jeu et de l’acceptation de soi. Dans la mesure du possible, les enfants passaient du temps à l’extérieur sur des terrains bien entretenus.
Même à cette époque, Shriners Children’s fournissait gratuitement aux familles des orthèses personnalisées. Les fabricants d’orthèses étaient des artisans qualifiés. L’un d’eux, August « Gus » Dreher, avait un atelier d’orthèses dans le sous‑sol de l’hôpital de Chicago. Dès le 16e siècle, en Allemagne, sa famille fabriquait des prothèses et des orthèses en tant que forgerons et travailleurs du cuir. « Nous avions une forge à l’arrière de notre atelier (dans le sous‑sol de l’hôpital). Ils prenaient un morceau de métal et forgeaient des pièces pour les orthèses », expliquait le petit‑fils de Gus, Peter Dreher. « Les emboîtures de prothèses ont toutes été faites en bois et sculptées à la main. »
Pendant la Grande Dépression (1929‑1939), l’augmentation de la pauvreté et de la malnutrition a entraîné une hausse des maladies orthopédiques telles que le rachitisme, ce qui a créé une demande en soins à l’échelle nationale. Les médecins travaillaient sans être payés et subvenaient à leurs besoins en travaillant dans un cabinet privé au sein de la communauté, et ce, tout en cherchant à faire progresser les connaissances et les traitements orthopédiques.
Façonner l’étude de l’orthopédie pédiatrique
Comme il y avait peu de résidences en médecine spécialisées dans le traitement des problèmes orthopédiques, les médecins de Shriners Children’s ont contribué à leur création. Par exemple, en 1924, Shriners Children’s St. Louis a formé un partenariat, qui existe encore aujourd’hui, avec l’école de médecine de l’Université de Washington. En plus d’être membres du corps enseignant de l’école de médecine, les médecins prennent également le temps de prodiguer des soins à l’hôpital.
« L’histoire de la création de l’orthopédie pédiatrique en Amérique du Nord ne peut omettre l’énorme influence des hôpitaux Shriners pour enfants infirmes », écrit la Pediatric Orthopaedic Society of North America (POSNA), dans son historique en ligne. « Les chirurgiens qui ont travaillé dans ces hôpitaux ont apporté une expérience considérable en orthopédie pédiatrique. »
Lorsque la Seconde Guerre mondiale a entraîné des pénuries de personnel et de budget, le chirurgien en chef de Shriners Children’s Chicago, le Dr Harold Sofield, a mis en place le programme de résidence en chirurgie orthopédique le plus important et complet des États‑Unis, en partenariat avec l’hôpital Hines VA à proximité. Le Dr J. Warren White, chirurgien en chef très respecté du Shriners Children’s Greenville en Caroline du Sud, a mis en place un programme d’enseignement affilié en orthopédie pédiatrique à l’Université Duke, où des centaines de résidents ont reçu une formation spécialisée en orthopédie pédiatrique.
L’enseignement se poursuit encore à ce jour. « Au fil des ans, la majorité des chirurgiens orthopédistes en pédiatrie ont reçu une partie de leur éducation et de leur formation au Shriners Children’s », a déclaré Jerry G. Gantt, président actuel du conseil des fiduciaires de Shriners Children’s.
Maintenir le statut de leader
Dans les années 1950, les vaccins ont progressivement éradiqué la polio aux États‑Unis, et de nouveaux antibiotiques ont réduit le nombre d’infections des os. L’un des objectifs de Shriners Children’s est de mener des recherches pour faire progresser les traitements et de collaborer autour d’affections spécifiques. Le Dr Sofield a mis au point le premier traitement chirurgical efficace contre les troubles de fragilité osseuse. Des orthopédistes des quatre coins du monde se sont déplacés pour apprendre sa technique. Le Dr Sofield et d’autres orthopédistes de Shriners Children’s ont contribué à la création de l’Orthopedic Research and Education Foundation.
En 1969, le Dr Douglas McKay du Shriners Children’s Shreveport a organisé, dans une chambre d’hôtel, la première réunion de ce qui est devenu la POSNA. Le Dr Frank Stelling, chirurgien en chef au Shriners Children’s Greenville et le Dr Burr Curtis, membre du conseil consultatif médical de Shriners Children’s étaient aussi présents. Ces noms figurent parmi les nombreux médecins, anciens et actuels, reconnus comme des leaders nationaux et internationaux dans leurs domaines respectifs.
En quête d’innovation et de progrès
Dans les années 1960 et 1970, de nouveaux matériaux et de nouvelles possibilités de traitement ont fait leur entrée. L’organisation a introduit la traction par halo et des opérations de fusion vertébrale antérieure plus complexes grâce à une meilleure anesthésie et au développement d’instruments médicaux implantables.
L’amélioration générale des soins pédiatriques a réduit considérablement la durée moyenne des séjours à l’hôpital, mais les blessures orthopédiques nécessitaient encore souvent plusieurs semaines d’hospitalisation. Le Dr Jeffrey Ackman a commencé sa carrière au Shriners Children’s Chicago en juin 1989. « On amenait un enfant ayant une fracture du fémur à l’hôpital, et on le mettait en traction pendant plusieurs semaines jusqu’à ce que la fracture commence à guérir. Ensuite, on mettait un plâtre et on renvoyait l’enfant chez lui. Un lourd fardeau était imposé à la famille, raconte le Dr Ackman. Quelqu’un devait prendre congé de son travail pour rester avec l’enfant, qui manquait de l’école. Aujourd’hui, on peut pratiquer une opération qui permet à l’enfant de quitter l’hôpital et de guérir à la maison. »
Les années 1990 ont été marquées par des changements et de l’innovation continue. Des opérations chirurgicales nécessitant autrefois de longs séjours pouvaient désormais être réalisées le jour de l’admission et permettre à la famille de retourner à la maison le jour même. Cette évolution spectaculaire de la médecine a conduit certains établissements à se concentrer entièrement sur les services de soins aux malades externes quelques décennies plus tard.
Les innovations médicales ont continué à caractériser le réseau de soins de santé des Shriners. Par exemple, le Shriners Children’s Philadelphia a été l’un des sept établissements au monde à inaugurer, en 1991, la chirurgie des côtes en titane, une technique révolutionnaire à l’époque pour arrêter la progression de la scoliose.
En 2015, des chirurgiens du Shriners Children’s Philadelphia, les Drs Scott Kozin et Dan Zlotolow, ont participé à la première greffe de main sur un enfant au monde. Le service de chirurgie plastique de l’établissement de Chicago a mis au point une planification chirurgicale virtuelle en 3D, qui est désormais utilisée par les médecins d’autres établissements. Les récents progrès réalisés par Shriners Children’s en matière de VBT changent la vie des patients qui souffrent de problèmes de colonne vertébrale.
Aujourd’hui, nos établissements traitent couramment plus de 100 problèmes orthopédiques et soignent plus de 100 000 patients par an. Nos soins se sont étendus au‑delà de nos bâtiments et de nos frontières grâce à la télésanté et aux cliniques mobiles. Cinq de nos établissements affiliés à des réseaux de soins de santé éducatifs ont été classés parmi les 50 meilleurs programmes d’orthopédie pédiatrique en 2021 aux États‑Unis par le U.S. News and World Report.
Alors que nous entamons notre deuxième siècle de soins aux enfants souffrant de problèmes orthopédiques, nous sommes guidés par la même mission qu’au tout début. Nos patients sont notre première priorité lorsque nous fournissons des soins, menons des recherches et formons les professionnels médicaux.