En raison des dangers de l’utilisation des opioïdes, les Hôpitaux Shriners mettent en oeuvre de nouveaux protocoles et introduisent des solutions de rechange pour réduire l’utilisation de cette classe de médicaments. Voici quelques exemples d’efforts que nous déployons afin d’assurer une gestion sécuritaire et efficace de la douleur pour nos patients.
Des interventions non narcotiques
À l’Hôpital Shriners pour enfants — Spokane, ainsi que dans d’autres hôpitaux du réseau, tous les malades hospitalisés devant subir une opération sont vus par un anesthésiste pédiatrique avant le jour J pour discuter des attentes et des plans de gestion de la douleur. Des analgésiques non narcotiques standard, comme le Tylenol ou les anti-inflammatoires non stéroïdiens, sont fournis aux patients avant l’opération.
Pendant l’opération, d’autres interventions non narcotiques ont lieu. Il peut s’agir de médicaments particuliers ou d’une anesthésie régionale, qui utilise des anesthésiques locaux (des médicaments anesthésiants) pour soulager la douleur dans une partie du corps. Ils peuvent être administrés au moyen d’une anesthésie péridurale ou d’un bloc plexique, qui peut durer trois jours. Le Dr Lloyd Halpern, anesthésiste pédiatrique à l’Hôpital Shriners de Spokane, a détaillé l’utilisation de l’anesthésie régionale pour diminuer l’utilisation des opioïdes et réduire la douleur pendant une opération du genou dans un manuscrit soumis au Journal of Pediatric Anesthesia.
Après l’opération, les traitements non médicamenteux comme l’application de glace, les massages, l’exercice, la physiothérapie et la relaxation peuvent être particulièrement utiles pour apaiser la douleur.
Une mission axée sur le patient
À l’Hôpital Shriners de Spokane, nos anesthésistes pédiatriques traitent les enfants avec expertise et compassion pour les aider à se sentir à l’aise et à se rétablir le plus vite possible. Pour remplir cette mission, nous avons créé des protocoles détaillés pour la gestion de la douleur. Ils permettent de réduire la variabilité, d’améliorer la sécurité des patients et de soutenir les soins fondés sur des preuves. En outre, nous menons une étude multicentrique sur la gestion de la douleur et l’utilisation des opioïdes après la sortie de l’hôpital.
« Les patients et les familles reçoivent des renseignements essentiels sur l’utilisation, l’entreposage sécuritaire et l’élimination des opioïdes si ceux-ci sont nécessaires », explique le Dr Halpern.
Des solutions innovantes
L’Hôpital Shriners pour enfants — Springfield utilise la cryoablation, qui consiste à geler temporairement les nerfs pour soulager la douleur, après l’opération de Nuss visant à corriger le pectus excavatum, une déformation du thorax caractérisée par un enfoncement du sternum dans la poitrine.
« La récupération après une opération de Nuss est longue et souvent très douloureuse pour les patients en raison d’un changement soudain et important de leur poitrine », explique le Dr David Tashjian, chirurgien pédiatrique. « La cryoablation minimise le besoin de prendre des narcotiques analgésiques après l’opération. »
Les frères Hayden, 19 ans, et Hudson, 16 ans, ont tous deux subi une opération de Nuss à l’Hôpital Shriners pour enfants — Springfield, à deux ans d’intervalle. Même s’ils ont subi la même opération, ils ont vécu une expérience très différente. Hayden a passé sa convalescence d’une semaine à l’hôpital, tandis que Hudson est rentré chez lui le lendemain. La seule différence était la cryoablation.
Limiter l’usage des narcotiques était important pour Amy, la mère des garçons. « Nous avons perdu un proche à cause de la dépendance aux opioïdes il y a quelques années, donc ça nous touchait particulièrement, déclare-t-elle. Nous étions aux anges quand nous avons appris que les Hôpitaux Shriners offraient un moyen d’en réduire l’utilisation. »
Après son opération, Hayden se sentait nauséeux et n’avait pas d’appétit à cause des médicaments analgésiques dont il avait besoin. Il a passé les mois suivants principalement sur le canapé. Par contre, Hudson se promenait peu après son opération. « Au bout de quelques jours, il faisait son propre déjeuner, se souvient April. Hayden et Hudson ont tous deux reçu des soins extraordinaires dans les Hôpitaux Shriners, mais l’ajout de la cryoablation a tout changé. »
L’avenir de la gestion de la douleur
L’un des objectifs d’un nouveau domaine de la médecine créé par des chercheurs du centre de recherche de l’Hôpital Shriners pour enfants — St. Louis est de prévenir la douleur postopératoire en déclenchant les cellules du patient.
Ce nouveau domaine s’appelle la mécanogénétique, et son premier objectif est d’arrêter les dommages causés par l’arthrose, une affection articulaire douloureuse. Les travaux des chercheurs de l’Hôpital Shriners de St. Louis et de son partenaire, l’école de médecine de l’Université de Washington, ont été publiés en ligne le 27 janvier dans la revue Science Advances.
« Les médicaments comme l’ibuprofène et le naproxène, qui soulagent les douleurs articulaires et réduisent l’inflammation systémique, sont les principaux traitements de la douleur due à l’arthrose, mais il n’existe aucune thérapie qui prévienne les dommages dans les articulations des patients atteints de cette forme débilitante d’arthrite », explique Farshid Guilak, Ph. D., chercheur principal et directeur du centre de recherche de l’Hôpital Shriners de St. Louis. « Grâce à la mécanogénétique, nous pouvons créer des cellules de cartilage qui réagissent à la charge mécanique de l’articulation. Chaque fois que les cellules sont soumises à ce stress, elles produisent un médicament biologique pour réduire l’inflammation et limiter les dommages liés à l’arthrite. »
Selon Robert J. Nims, Ph. D., chercheur postdoctoral du laboratoire du Dr Guilak et coauteur principal de l’étude, les travaux du Dr Guilak et de son équipe ont révélé des voies clés sur les cellules qui réagissent au stress mécanique.
Lara Pferdehirt, l’autre coauteure principale, ingénieure biomédicale et assistante de recherche diplômée du laboratoire du Dr Guilak, affirme que c’est comme appuyer sur un interrupteur pour allumer une lumière. « Dans ce cas, dit-elle, l’interrupteur est la charge mécanique d’une articulation, et la lumière est l’anti-inflammatoire. »
Même s’il faudra des années avant que cette technologie soit disponible, elle pourrait un jour améliorer grandement la vie des gens partout dans le monde, y compris celle de nos patients existants et anciens, dont beaucoup peuvent être sujets à l’arthrose.